Résumés

Résumés

  • La transition énergétique vue du Nunavik : Intégration des perceptions inuit et locales dans le processus décisionnel de production énergétique
    Antoine Cloutier, étudiant à la maitrise en Aménagement du Territoire et Développement Régional, Direction : Geneviève Cloutier, Codirection : Myriam Blais

Depuis son importation durant le 20e siècle, le diésel n’a cessé de prendre davantage de place dans la vie des communautés du Nunavik. Cette croissance a notamment impacté plusieurs facettes du mode de vie traditionnel inuit et l’organisation spatiale des villages nordiques. Peu à peu, les résidents se sont approprié cette ressource, au point où sa distribution représente désormais un secteur économique géré par une compagnie inuit amenant maintes retombées dans les 14 communautés de la région.

Aujourd’hui, l’électricité des Nunavimmiut est produite à 100% grâce à des centrales thermiques isolées du réseau de distribution du sud de la province. Avec la crise climatique actuelle, une transition énergétique s’est toutefois amorcée par l’arrivée de projets misant sur différentes formes d’énergies renouvelables pour tenter de limiter les émissions de GES liées à la consommation d’énergies fossiles dans les villages nordiques. Mais quelle est la place laissée aux résidents dans le processus de décision, de planification et d’aménagement de ces projets énergétiques ? Quelles sont leurs perceptions de cette transition initiée par les décideurs du Sud ?

Nos résultats préliminaires démontrent 1) que la situation de dépendance actuelle est connue localement, 2) que les communautés sont ouvertes aux alternatives, 3) mais que certaines alternatives semblent mieux accueillies que d’autres. Ils indiquent aussi une importante vulnérabilité de la gouvernance locale du secteur énergétique suite à l’implantation d’une nouvelle technologie, ce qui rend sa prise en compte d’autant plus cruciale dans le futur.

  • L’intégration du développement durable dans la pratique de planification territoriale des MRC: une analyse mixte de la cohérence entre les actions concrètes et les volontés annoncées
    Simon Couture, étudiant à la maîtrise en Aménagement du Territoire et Développement Régional, Direction : Jean Dubé, Codirection : Geneviève Cloutier

Cette étude s’intéresse à la tendance mondiale d’intégration du développement durable (DD) dans les politiques publiques en prenant pour objet d’analyse les politiques de développement régional des municipalités régionales de comté (MRC). Considérant l’apparition du concept de DD dans les schémas d’aménagement et de développement (SAD), cadre stratégique légal des MRC, la recherche vise à vérifier s’il existe une certaine adéquation entre les objectifs en matière de DD tracés dans le SAD et leur concrétisation en actions. L’approche empirique repose sur une analyse lexicométrique permettant de faire ressortir 27 sous-concepts définissant le DD à l’échelle régionale. Leur récurrence est ensuite quantifiée à partir du SAD le plus récent, et ce pour chacune des MRC. Les actions reliées à chacun de ces sous-concepts sont également comptabilisées à l’aide des dépenses déclarées dans la reddition de compte du Fonds de développement des territoires (bras financier des MRC). Ces deux exercices permettent d’obtenir des indicateurs illustrant le degré d’intégration (dans les paroles) et d’application (dans les actions) de chaque pilier du DD (social, économique, environnemental). En croisant ces indicateurs, les résultats suggèrent qu’il n’existe aucune relation linéaire entre l’intégration du DD dans les politiques régionales et les actions qui en découlent. La recherche démontre la difficulté d’arrimage entre la volonté politique et les projets concrets en matière de DD et observe également une incohérence entre les exercices politique et financier de la planification territoriale des MRC.

  • L’industrialisation et son impact urbain : L’analyse territoriale de l’industrie papetière québécoise et ses permanences structurales
    Maxime Nadon-Roger, étudiant à la maîtrise en architecture, Direction : François Dufaux

Les pâtes et papiers sont représentatifs de la 2e révolution industrielle au Québec fondée sur l’exploitation des ressources naturelles – hydrauliques et forestières – (Linteau, 1996, p. 136). Bien que 125 établissement papetiers aient été construit depuis 1805, en 2001, il en existait 62 en exploitation et en 2015, il n’en restait que 40 (Gilbert, 2015 ; MEQ, 2001). Son déclin remet en cause l’avenir de ce paysage industriel.

Cette présentation interroge les relations entre les ressources naturelles, la nécessité d’attirer une main-d’œuvre et la nature du développement urbain qui en résulte. Concept hérité des études en morphologie urbaine, « les permanences structurales renvoient aux formes que conservent des caractéristiques reconnaissables à travers le changement en dépit du renouvellement de leurs composantes » (Larochelle et Gauthier, 2002, p. 17). La géographie historique permet une analyse diachronique définissant ces caractéristiques immuables et expliquant leur contribution à l’implantation territoriale. Finalement, la discussion permet de définir l’échantillon servant à la prochaine étape du mémoire – analyse urbaine – orientée sur la requalification de ces sites et l’avenir des bâtiments existants, relevant désormais du patrimoine collectif.

L’originalité de cette démarche porte sur l’analyse de règles structurelles à travers la caractérisation des milieux bâtis. Les conclusions de cette présentation alimentent les discussions sur les enjeux d’aménagement. En somme, le mémoire vise à proposer un premier inventaire scientifique du secteur papetier au Québec selon une vision d’ensemble sur son « paysage culturel » et une perspective de planification prospective.

  • L’attraction du savoir-faire : une analyse sur la relocalisation des services intensifs en connaissances (KIBS) au Québec
    Diego Andres Cardenas Morales, étudiant à la maîtrise en Aménagement du Territoire et Développement Régional, Direction : Jean Dubé, Codirection: Richard Shearmur

La relocalisation des entreprises est un enjeu important en développement régional. L’exode des sièges sociaux et des emplois vers les grandes villes pose de nombreux défis pour les décideurs publics, notamment en termes de vitalité économique. Les services intensifs en connaissances (KIBS) sont particulièrement susceptibles de se relocaliser dans les grands centres urbains afin d’assurer leur croissance. Les trajectoires de développement sont ainsi marquées par deux phénomènes, i) l’ancrage territorial des entreprises ou ii) le mouvement des entreprises dans l’espace. Bien que les facteurs influençant la localisation des KIBS soient bien documentés, leurs mouvements dans l’espace demeurent moins étudiés. Deux questions se posent naturellement: est-ce que les mouvements des entreprises suivent des schémas particuliers dans l’espace? Est-ce que le différentiel de dotation de ressources régionales explique la relocalisation des KIBS?

La recherche vise à cerner les schémas origine-destination des déménagements des KIBS entre les municipalités du Québec afin d’analyser leurs trajectoires de développement et les facteurs qui expliquent la restructuration de la géographie des KIBS. L’analyse empirique repose sur la construction du réseau de déménagements et l’estimation d’un modèle de régression par procédure d’ajustement quadratique (QAP) dans le but de vérifier l’influence des réseaux physiques (routier et aérien) et organisationnels ainsi que d’autres variables démographiques sur la relocalisation des KIBS. L’originalité de cette recherche est d’analyser l’évolution spatiale des services à forte intensité de connaissances, censées stimuler l’innovation dans les économies régionales.

  • Place Royale : intervenir sur l’environnement bâti
    Luiza Santos, étudiante à la maîtrise en architecture, Direction : François Dufaux

Place Royale est le site de fondation de Québec, implanté entre deux barrières naturelles, une falaise et le fleuve. Ce quartier central dans le développement de la ville perd sa polarité, au début du XIXe siècle. Projet d’une restauration publique, amorcée en 1957 s’échelonnant jusqu’en 2002, cette intervention dans le tissu urbain visait à commémorer les origines françaises de Québec. L’intervention architecturale a adopté plusieurs stratégies ; le retour de la forme de la fin du XVIIe siècle, la rénovation et la réfection de composantes abimées suivant des solutions de construction traditionnelle et finalement, la reconstitution de certaines maisons exigeant la démolition de bâtiments du XIXe siècle.

Depuis plus de 60 ans, l’équilibre entre la vocation commémorative destinée au tourisme et le développement d’un quartier habité et vivant, demeure irrésolu. Le projet de recherche s’intéresse alors à réaliser une lecture nouvelle sur la mise en œuvre de ces décisions sur le plan architectural et morphologique. La stratégie de recherche puise dans la documentation historique, archéologique et architecturale répertoriées.

Cette présentation propose une méthode qui permet de faire un bilan des pratiques en patrimoine, en prenant Place Royale, lieu emblématique et déterminant, pour saisir la manière d’envisager et d’intervenir sur l’environnement bâti au Québec. Si les intentions ont largement été commentées, les actions sont restées sans évaluation dans leur logique et leur impact. C’est une forme de réponse aux constats du Vérificateur général sur la gestion du patrimoine bâti au Québec.

  • Vers une architecture qui fait du sens : univers symbolique et matériel de la maison chez les Inuit du Nunavik
    Myrtille Bayle, étudiante à la maîtrise en architecture, Direction : Myriam Blais

La relation qu’entretient l’habitant Inuit du Nunavik avec son habitation a fortement évoluée avec la sédentarisation et l’arrivée de la production du logement gérée par l’État. Le lien entre la forme de la maison et la vie sociale s’est perdu à faveur d’une standardisation du logement qui laisse peu de place à l’intégration des pratiques locales et des valeurs des habitants. Ainsi cette recherche vise à comprendre les valeurs et les définitions inuit de la maison, et à répertorier les attentes des habitants en termes de qualités architecturales. Dans le but d’apporter une nouvelle base de réflexion pour la production de modèles d’habitation culturellement significatifs, cette recherche s’appuie sur les résultats d’une recension des écrits, réalisée de Janvier à Juin 2020, basée sur des écrits scientifiques et sur la littérature inuit. À travers la littérature recensée, la maison symbolique inuit se dessine comme un corps protecteur, un espace de refuge et un lieu de support à la transmission de la culture inuit. C’est un espace de parole et de cohésion sociale essentiel à la vie en communauté qui forme un tout cohérent en harmonie avec le lieu et les êtres qui l’habitent. Cette recherche présente également les qualités essentielles associées à ces définitions, tout en considérant les enjeux contemporains de l’habiter inuit. Des pistes de réflexions pour une architecture culturellement significative qui intègrent les habitants, leurs gestes et leurs attentes, pourront ainsi être proposées.

  • Des citoyens.nes qui (ré)aménagent l’espace public : nouveauté ou point de rencontre pour les mouvements sociaux urbains de Québec?
    Guillaume Béliveau-Côté, étudiant au doctorat en Aménagement du Territoire et Développement Régional, Direction : Geneviève Cloutier

De plus en plus d’organismes locaux et de regroupements citoyens (re)aménagent l’espace public, à Québec comme ailleurs. En installant des bancs là où il en manque, en organisant des placettes conviviales au coin des rues, ces acteurs proposent une autre conception de la ville. Ils créent une trame urbaine et des pratiques urbaines alternatives à la vision dominante de l’urbanisme institutionnel. Comment cette intervention urbaine redéfinit-elle les dynamiques d’engagement et de participation des citoyen.nes? Est-ce l’expression d’une transformation des mouvements sociaux urbains (MSU) plus largement?

Dans cette communication, nous revenons sur l’évolution des MSU dans la ville de Québec depuis les années 1960 pour établir le contexte dans lequel s’inscrivent ces interventions contemporaines de (ré)aménagement de l’espace public. Selon notre analyse documentaire et nos entretiens semi-dirigés, nous constatons que les luttes urbaines, l‘impératif participatif et l’empowement citoyen ont tracé la voie à l’émergence de trois formes de MSU qui correspondent à trois époques. Après des vagues de (ré)organisation, de politisation et de professionnalisation, il nous apparaît que l’engagement et la participation citoyenne s’articulent aujourd’hui en fonction d’une coordination ponctuelle, voire anémique, et de référents urbains individuels variés, parfois conflictuels. Dans cette perspective, le (ré)aménagement de l’espace public se révélerait être un point de rencontre pour les MSU qui cohabitent encore aujourd’hui dans la Ville de Québec.

  • Gouvernance minière multiniveau entre État, entreprise & communautés et retombées socio-économiques locales durables: Le cas de la région de bauxite de Boké en Guinée
    Idiatou Bah, étudiante au doctorat en Aménagement du Territoire et Développement Régional, Direction : Mario Carrier

Depuis 2010, la Guinée dans une perspective de gouvernance multiniveau a entrepris des réformes juridico-institutionnelles pour un développement minier davantage participatif, équitable et durable dont la région de bauxite de Boké en est au cœur. Une série d’instruments de politiques publiques dont la Zone Économique Spéciale (ZES) et le Fonds de Développement Économique Local (FODEL) y ont été déployés en 2017. Mais les facteurs de leur implantation demeurent problématiques comme l’indiquent les policy stories controversées des coalitions discursives des acteurs miniers qui divergent dans l’analyse de leur fondement, opérationnalisation et finalité. A travers la théorie des choix et de la classification d’instruments de politiques publiques, les résultats soulignent le déséquilibre de pouvoir caractérisé par une asymétrie de légitimité et d’information en défaveur de l’autorité de règlementation et en faveur de certaines entités réglementées expliquant un niveau de coercition relative dans le choix et l’application de la ZES et du FODEL.

  • Inclusion spatiale des personnes en situation de déficience auditive: Conception d’un objet d’accompagnement favorisant l’adoption des implants cochléaires
    Andrée-Anne Blacutt-Grenier, étudiante au doctorat en design, Direction : Caroline Gagnon

La situation de handicap d’un piéton est le résultat des interactions entre ce dernier et l’environnement urbain qu’il pratique. Le piéton sourd est souvent aux prises avec un sentiment d’insécurité, d’isolement, d’exclusion spatiale, lequel est à l’origine de nombreux problèmes de mobilité. Ce projet de doctorat vise à mettre en lumière, par une démarche de design fiction, les défis liés à la communication des personnes en situation de déficience auditive et implantée cochléaire. La communication est un facteur primordial pour une meilleure qualité de vie des personnes ayant une déficience auditive. L’illusion induite chez l’implanté cochléaire d’être normo entendant altère la perception de son état, de ses compétences et de ses besoins. Ce phénomène coupler à l’isolement du reste de la société et à la qualité du port de l’implant cochléaire sont des facteurs qui ne sont pas clairement identifiés. Ce projet de recherche-création vise à développer un dispositif de mise en fiction du piéton sourd en situation de communication. L’objectif est de favoriser une participation active à la société dans un mouvement d’échange entre des personnes ayant une déficience auditive et des personnes normo-entendantes. Cette démarche favorise ainsi leur participation active à la société, dans un mouvement d’échange.

  • Gestion intégrée des barrages
    Lucie Baillon, étudiante à la maîtrise en Aménagement du Territoire et Développement Régional, Direction : Geneviève Cloutier, Codirection : Catherine Choquette

Au cours des dernières années, le territoire québécois a connu des inondations importantes, qui sont venues mettre en évidence les effets des changements climatiques de même que l’impératif de les anticiper. Or, jusqu’à maintenant le cadre institutionnel, notamment en matière d’aménagement du territoire, encourage plutôt des réponses réactives aux aléas. L’intégration des changements climatiques et la prévision de leurs impacts dans la prise de décision des politiques est pourtant déterminante de la résilience des milieux. De plus, les recherches montrent de mieux en mieux que la variable climatique peut servir à initier un projet de territoire collectif. Dans le cas précis du Grand Lac Saint-François, plusieurs dimensions interagissent et sont parfois en tension (usages récréotouristiques, biodiversité à préserver, qualité de l’eau, etc.) et la présence d’un barrage hydrique ajoute un niveau de complexité dans la gestion du territoire. En prenant appui sur une série d’entretiens menés auprès de répondants clés, ce travail propose d’identifier les préoccupations des acteurs, en ce qu’elles sont objectives ou subjectives en les confrontant aux données scientifiques et aux outils juridiques disponibles. Ce portrait territorial réalisée sous une approche multidisciplinaire sera l’assise d’une réflexion sur la place d’une gouvernance participative avec l’ensemble des acteurs qui façonnent et vivent le territoire et son rôle dans le renforcement des capacités d’adaptation des communautés aux changements climatiques.

  • Intégration de stratégies d’éclairage artificiel pour des environnements intérieurs sains sous les latitudes nordiques
    Carolina Espinoza-Sanhueza, étudiante au doctorat en architecture, Direction : Claude MH Demers, Codirection : Marc Hébert, Jean-François Lalonde

La lumière naturelle est un élément vital responsable de multiples processus biologiques chez l’individu. Cependant, des périodes importantes de nuits plus longues associées à des climats extrêmes déstabilisent considérablement notre corps humain et notre horloge circadienne interne. Cette recherche explore des scénarios d’éclairage sain en utilisant des sources de lumière artificielle qui répondent aux besoins photobiologiques des humains sous les latitudes nordiques. Des recherches antérieures ont montré que des quantités correspondantes d’intensité lumineuse et de température de couleur, au moment opportun, ont le potentiel d’améliorer le bien-être. Néanmoins, des latitudes plus élevées et une disponibilité limitée de la lumière du jour pendant les hivers pourraient affecter le bien-être d’un occupant en matière de santé physiologique et psychologique. Une fenêtre éclairée latéralement sert de chambre d’essai, dans laquelle la relation entre la lumière photopique et mélanopique provenant de sources artificielles et les propriétés de la surface produira des variations dans les réponses de notre cerveau, ce qui se traduira par des points de vue potentiellement sains dans l’espace. L’étude compare les effets de non-formation d’image d’une ambiance architecturale à l’aide du logiciel de simulation ALFA. Les résultats intègrent la distribution de la carte de l’environnement intérieur du mélanopique-lux, permettant l’étude du stimulus lumineux efficace au niveau circadien. Cette méthodologie permet de mieux comprendre la mise en œuvre des technologies de lumière artificielle, ce qui permet l’amélioration des ambiances intérieures visant le bien-être de l’humain.

  • Décentralisation, innovation institutionnelle et gouvernance des relations interterritoriales entre zones rurales et urbaines : Perspectives du Bénin
    Hyppolite Dossa Dansou, étudiant au doctorat en Aménagement du Territoire et Développement Régional, Direction : Mario Carrier

Devant les insuffisances que traine encore la décentralisation en matière de transfert des compétences et des ressources dans les pays où elle est déployée, les innovations (technologiques et surtout institutionnelles) peuvent constituer une voie de sortie pour l’éclosion du développement des territoires. Dans une telle optique, et considérant les relations milieu urbain et milieu rural on peut se demander comment des territoires saisissant une telle opportunité influenceraient d’autres. Avec les avancées en matière de développement des villes sur les campagnes, serait-il possible que ces innovations améliorent le sort des campagnes tout en renforçant celui des villes? En posant l’hypothèse que les transformations urbaines impactent (positivement ou négativement) le développement des milieux ruraux et inversement, cet article donne à voir le cas d’une commune rurale au sud du Bénin qui, avec des innovations (technologiques et surtout institutionnelles) crées par un projet sur la résilience face aux changements climatiques, profite de la proximité des ressources de deux territoires urbains pour poser les bases de l’émergence de son développement. Au détour d’une revue de littérature sur les concepts de décentralisation, gouvernance, innovation institutionnelle et inter-territorialité, l’article se base sur la théorie des proximités des ressources pour analyser le cas de la commune de Sô-Ava avec son projet Climat’Eau en faisant ressortir les diverses innovations implémentées et comment ces dernières concourent au développement de son territoire et de celui des villes environnantes.

  • Sécurité alimentaire et justice sociale : étude de cas d’un projet structurant sur le système alimentaire de la région de Portneuf
    Josyanne Proteau, étudiante à la maîtrise en Anthropologie, Direction : Manon Boulianne

Dans le cadre de ma maîtrise, je m’intéresse aux innovations en sécurité alimentaire. L’objectif de ma démarche est d’examiner un projet spécifique à la lumière du concept de justice alimentaire et d’identifier de quelles façons il s’y manifeste. Ce concept en émergence permet à la fois de faire ressortir les inégalités structurelles présentes dans le système alimentaire et d’identifier des champs et des types d’actions qui permettent de les contrer (Horchedez et Le Gall 2016; Slocum et Cadieux 2015). Il peut être mobilisé pour repenser les systèmes alimentaires à l’échelle de différents territoires.

Pour conduire cette recherche, j’ai réalisé une ethnographie détaillée d’une démarche en sécurité alimentaire de la région de Portneuf. Au cours d’un terrain mené entre octobre 2019 et février 2020, j’ai été attentive aux manifestations des principales dimensions constitutives de la justice alimentaire dans les pratiques et discours des acteurs : la reconnaissance des inégalités structurelles, la présence de processus démocratiques, l’arrimage à d’autres enjeux de justice sociale et la création de mécanismes d’échange qui reposent sur des logiques autres que capitalistes et néolibérales. L’analyse a révélé que, bien que les acteurs porteurs des démarches observées tendent à être attentifs à ces éléments clés, plusieurs contraintes freinent la portée de leurs actions, dont les exigences des financements, les différentes éthiques de travail et le manque de structures en place sur le territoire pour permettre une participation inclusive.

  • Sur l’importance de la visualisation pratique du confort visuel et thermique dans l’architecture nordique
    Seyed Amin Tabatabaeifard, étudiant au doctorat en Architecture, Direction : Claude MH Demers, Codirection : Marc Hébert, Jean François Lalonde

Les architectes ont pratiqué le confort et le bien-être des occupants dans des conditions climatiques variées. Sous les hautes latitudes, la satisfaction du confort des occupants est une tâche complexe pour les concepteurs en raison des conditions climatiques extrêmes. Cette recherche porte sur l’évaluation du confort et du bien-être afin de soutenir la prise de décision architecturale dans les régions nordiques du Canada. Étant donné que de nombreuses mesures de confort et de bien-être ne s’appliquent pas nécessairement aux conditions associées aux climats extrêmement froids, une nouvelle approche de l’évaluation environnementale est nécessaire pour fournir aux architectes et aux décideurs une visualisation appropriée. Cette recherche porte plus particulièrement sur la visualisation du confort thermique et visuel, diagnostiqué comme étant les aspects dominants du confort et du bien-être dans ces espaces. Les méthodes actuelles d’analyse du confort thermique ne sont pas adaptées à la quantification du confort dans les régions nordiques en raison de la différence de température excessive entre les espaces intérieurs et extérieurs. En outre, de longues photopériodes ainsi que des environnements extérieurs très réfléchissants provoquent l’éblouissement et la fatigue dans ces espaces. Ces caractéristiques environnementales sont souvent négligées dans la pratique courante de la conception architecturale, alors qu’elles sont d’une importance significative dans les régions climatiques nordiques. Cette étude reflète l’importance de la direction de la vue dans les évaluations, la présentation des paramètres de confort et de bien-être comme une approche alternative adaptée aux environnements intérieurs des régions nordiques.

  • Transition énergétique en République démocratique du Congo (RDC) par le passage à la bioénergie durable
    Nicolas Onemba Shuku, étudiant au doctorat en sciences forestières, Direction : Evelyne Thiffault, Codirection : Etienne Berthold

En RDC, on retrouve des enjeux énormes et systémiques d’approvisionnement énergétique de la population. Près de 91% de la consommation finale totale d’énergie provient de la biomasse forestière (bois-énergie). Les congolais utilisent le bois comme principale source d’énergie domestique afin de satisfaire des besoins fondamentaux, avec des méthodes de production, d’approvisionnement, de conversion peu efficaces et non durables. L’exploitation massive et régulière de la forêt du Congo pour l’approvisionnement en bois-énergie engendre les impacts.

Le but de ce projet est d’analyser les enjeux environnementaux, techniques, politiques, les aspects de gouvernance environnementale et de développement durable liés à la production et à l’utilisation du bois-énergie en RDC, pour favoriser la transition énergétique vers des formes d’utilisation modernes et durables de la bioénergie. Pour ce faire, nous utiliserons la grille d’analyse de la durabilité de la bioénergie du Partenariat mondial de la bioénergie qui est composée de 24 critères de durabilité cadrant avec les piliers de développement durable. Elle permet d’établir un diagnostic des systèmes de bioénergie, d’identifier les forces et les faiblesses de ces systèmes pour ensuite faire des recommandations et orienter la prise de décision. L’analyse permettra d’identifier les facteurs pouvant favoriser une transition énergétique vers des formes modernes et durables d’utilisation de la biomasse forestière, en vue de la mise sur pied des nouvelles stratégies et politiques énergétiques en RDC.

  • Efficacité de la ventilation naturelle dans les bâtiments scolaires sous un climat froid pour le confort thermique intérieur, la QAI et la performance énergétique
    Pourya Darvishi Alamdari, étudiant à la maîtrise en Architecture, Direction : André Potvin, Claude MH Demers, Codirection : Louis Gosselin

Le premier cycle de vie de 73% des bâtiments des écoles primaires de la province de Québec arrive à son terme et ils doivent être rénovés. Bien que ces bâtiments ne soient pas équipés de systèmes de refroidissement et de ventilation, le confort thermique et la qualité de l’air intérieur (QAI) semblent être compromis. Le manque de confort en termes de sensation thermique et de QAI affecte les résultats scolaires des élèves. Il est supposé que la solution architecturale passive pourrait compenser la majorité de ces manques. Dans ce but, trois types de programmes de ventilation selon deux méthodes d’ouverture ont été simulés avec EnergyPlus et OpenStudio en utilisant la plateforme Honeybee qui relie de manière interactive les outils paramétriques. Une classe typique d’école primaire a été choisie comme modèle de base pour mettre en œuvre les variables. En parallèle, la charge thermique a été surveillée pour tous les scénarios. La stratégie des écoles allemandes dans le cadre de la méthode de ventilation croisée pourrait permettre d’atteindre 100 % de satisfaction en matière de QAI en utilisant 50 % d’énergie en plus que le modèle de base typique. D’autre part, la stratégie MEES offre 80% de QAI en utilisant 18% d’énergie en moins que le modèle de base. Cette recherche conclut que l’utilisation de la ventilation naturelle, même dans les régions froides, pourrait améliorer la performance énergétique des bâtiments en termes de QAI.

  • Transition saine et efficace entre l’intérieur et l’extérieur pour les bâtiments en Arctique
    Tarlan Abazari, étudiant au doctorat en Architecture, Direction : André Potvin, Codirection : Claude MH Demers

Cette recherche vise à étudier les développements biophilques d’espaces intermédiaires à haute performance comme une solution architecturale prometteuse qui permettra de promouvoir le bien-être des occupants de l’Arctique ainsi que d’améliorer les performances des bâtiments au moyen de connexions positives efficaces entre les espaces intérieurs et extérieurs. La biophilie est considérée comme un facteur important de bien-être, notamment dans les climats arctiques. Cependant, le temps extrêmement froid et les photopériodes saisonnières fortes, c’est-à-dire les cycles du jour et de la nuit, dans les climats arctiques pourraient affecter négativement la santé des occupants et limiter les activités de plein air et l’exposition à la nature.

Les espaces intermédiaires sont des systèmes transitoires/habitables entre les espaces intérieurs et extérieurs qui se connectent par des organisations spatiales séquentielles plus profondes. La recherche établit un cadre fondamental de bien-être biophilique pour les relations entre les occupants et la nature arctique en termes de besoins thermiques et de qualité de l’air intérieur qui affectent les réponses physiologiques, besoins d’éclairage qui affectent les réponses photobiologiques, et caractéristiques biophiliques des relations avec les systèmes naturels qui affectent les réponses psychologiques. Le cadre de conception des espaces intermédiaires est ensuite développé pour explorer les configurations et les typologies qui pourraient aborder le cadre du bien-être-biophilique dans les bâtiments en Arctique.

Les résultats de la recherche pourraient informer les architectes sur le potentiel des espaces intermédiaires développés pour promouvoir le bien-être des occupants et la performance des bâtiments en Arctique.