Soutenance de thèse de Diego Cardenas : La localisation des services supérieurs à l’ère du numérique

Vous êtes cordialement invités à la soutenance de thèse de Diego Andres Cardenas Morales (membre étudiant, doctorat en ATDR). Le titre de la thèse de Diego est : La localisation des services supérieurs à l’ère du numérique. Son directeur de recherche est Jean Dubé (membre régulier, ÉSAD) et son codirecteur est Richard Shearmur (professeur à l’Université McGill).

Diego Andres Cardenas Morales, membre étudiant du CRAD.

Date : 3 juin 3025, 14h00

Lieu : salle du conseil universitaire (salle 3632), Pavillon Louis-Jacques-Casault, Université Laval

La séance sera diffusée en simultanée.

Lien de connexion à la soutenance diffusée à distance.

Pour ceux et celles qui assisteront à la soutenance à distance, vous êtes priés de fermer votre microphone à la connexion, afin d’éviter d’interrompre la présentation. Il est recommandé d’avoir une bonne connexion internet et des écouteurs. Les informations de connexion seront disponibles prochainement.

Lors de la délibération, les membres du jury à distance seront déplacés dans une salle privée.

Résumé de la thèse de Diego :

Les services à forte intensité de connaissances (SFIC), aussi nommés services supérieurs ou services tertiaires supérieurs, sont des services intermédiaires qui créent, transforment et disséminent des connaissances, générant des innovations technologiques ou organisationnelles. Les SFIC, dont la main-d’œuvre est hautement qualifiée, nécessitent et opèrent grâce aux contacts humains et à l’échange de connaissances, raisons pour lesquelles leur localisation est traditionnellement associée à la ville, et plus précisément au centre-ville. L’avantage que ces entreprises tirent de la concentration géographique s’explique par la présence d’aménités urbaines : universités, centres de recherche, commerces et services spécialisés et infrastructures. Les aménités urbaines facilitent l’interaction entre acteurs.

Toutefois, les préférences de localisation des SFIC s’étendent au-delà des frontières de la ville. D’une part, la banlieue se révèle comme une destination naturelle avec l’expansion urbaine des régions métropolitaines. D’autre part, les régions périphériques attirent des entrepreneurs qui cherchent des styles de vie moins effrénés et des connaissances qui ont leur source dans les petites villes. La géographie des SFIC s’inscrit dans une dynamique de diffusion et d’interaction où la distance joue un rôle crucial.

L’arrivée des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) a remis en cause le rôle de la proximité physique et du regroupement spatial dans les choix de localisation des entreprises, particulièrement pour les SFIC. L’accès à Internet et aux téléphones intelligents ouvre la voie à des échanges électroniques plus fréquents, influençant potentiellement les nouveaux choix de localisation. L’accélération du recours au télétravail depuis le COVID-19 complexifie encore plus cet arbitrage. L’utilisation d’applications de visioconférence comme substituts aux espaces de travail remet en question le rôle du bureau et le futur du centre-ville.

Afin de vérifier si le progrès technologique et la pandémie ont altéré les tendances d’implantation, la thèse aborde trois questions axées sur les trajectoires de localisation des SFIC : 1) les services supérieurs sont-ils devenus mobiles géographiquement? 2) les anciennes théories de la localisation expliquent-elles encore les choix de localisation de nouvelles entreprises? ; et 3) comment la pandémie a-t-elle affecté les décisions de localisation des entrepreneurs?

Au niveau empirique, la recherche mobilise des micro-données spatiales provenant du registraire des entreprises du Québec (REQ) avec des méthodes économétriques originales et adaptées aux questions de recherche. La base de données du REQ recense l’historique de localisations exactes des entreprises entre 2011 et 2022, permettant de capter à la fois l’effet de l’Internet à haut débit, de l’ère du téléphone intelligent, et de la crise sanitaire.

La pertinence de la thèse est à multiples volets. D’abord, elle concilie le développement régional et les trajectoires individuelles de localisation des entreprises à l’aide de micro-données précises. Ensuite, les recherches menées apportent un nouveau regard sur les décisions de localisation et relocalisation dans un contexte pré et post COVID-19. La thèse contribue également à identifier les grandes tendances de la géographie économique des SFIC, à l’échelle provinciale et métropolitaine, afin de mieux appréhender les tendances de développement régional et urbain. Enfin, la thèse outille et informe les décideurs publics dans l’objectif de façonner des villes propices à l’entrepreneuriat dans les hautes technologies.

Les résultats de recherche suggèrent que le progrès technologique ne semble pas modifier les décisions de localisation. Bien que les SFIC soient moins sensibles aux économies d’agglomération et que la migration d’entreprises ne soit pas concentrée au sommet de la hiérarchie urbaine, les résultats suggèrent que les SFIC ne sont pas pour autant hyper-mobiles. Le développement des NTIC n’altère pas de manière significative les premières décisions de localisation. Les localisations traditionnelles et les facteurs marchands les plus classiques sont encore fortement liés à l’émergence de nouvelles entreprises à l’échelle métropolitaine. Les analyses indiquent qu’un exode des bureaux du centre-ville vers les zones périphériques est peu probable. Si l’occupation des loyers commerciaux peut changer, il semble que la localisation des sièges sociaux est toujours fortement liée au centre, autant avant qu’après la pandémie.

Les NTIC semblent, au contraire, renforcer la concentration des activités économiques dans l’espace, bien que l’éventail de choix de localisations ait augmenté au fil du temps. Ce constat trouve son argument dans l’incapacité des entreprises à accéder à la même information et à établir les mêmes relations avec les clients et les partenaires à partir de localisations différentes. L’évolution rapide des plateformes et des outils technologiques facilite le réseautage à grande échelle, indépendamment de la distance physique, réduisant par le fait même les coûts de déplacements. Néanmoins, ces mêmes technologies ne remplacent pas entièrement les interactions sociales – telles que la création des liens de confiance, la confidentialité et la sécurité des informations partagées ainsi que le besoin de contact humain – et augmentent la valeur relative des échanges face-à-face.

La possibilité accrue de travailler à distance fait évoluer les besoins pour le type de bureau. Les espaces de travail doivent être adaptés pour accueillir moins de travailleurs et devenir des espaces de rencontre favorisant l’interaction et la collaboration. À cet effet, l’accessibilité aux ressources informationnelles concentrées dans les grands centres économiques reste un facteur important dans l’arbitrage des entrepreneurs. Une proximité raisonnable avec les clients et les partenaires est encore utile pour programmer des réunions.